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samedi, 1 juin 2024

Les banques et le financement des énergies fossiles

"Plus les banques financent les énergies fossiles, moins elles aident le système économique à sortir de sa dépendance"
Tribune collective publiée dans " Le Monde" le 22 avril 2024    par Alain Grandjean, Laurence Scialom, Jézabel Couppey-Soubeyran, Michael V., Alexandre Poidatz et bien d'autres spécialistes engagés.

Extrait :
Il est urgent d'arrêter de considérer le système financier et bancaire comme neutre et de réorienter la politique monétaire pour obliger les banques et l'ensemble des acteurs financiers à réellement prendre en compte les enjeux écologiques."

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vendredi, 19 juin 2020

18 juin 2020: BCE et Parlement Européen réalisent un beau ratage !


Publié sur LinkedIn le 18 juin 2020 

Ce 18 juin le Parlement Européen a adopté les critères pour définir le champ des investissements durables. Ce même 18 juin, la BCE a ouvert un guichet permettant des prêts à long terme aux banques pour 1300 Mds € au taux négatif de - 1%.

Deux dispositifs qui s'ignorent superbement alors que ces prêts vont aider à la relance des économies de la zone euro et qu'ils auraient pu pour une part significative permettre en même temps aux banques de financer des investissements correspondants à l'un des six objectifs environnementaux permettant à une activité économique d'être labellisée écologiquement durable; Activité économique qui obtient ce labelle si elle contribue à au moins l'un de ces objectifs sans nuire de manière significative à aucun des autres.

Ces objectifs arrêtés par le Parlement sont:

- l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à celui-ci;

- l'utilisation durable et la protection de l'eau et des ressources marines;

- la transition vers une économie circulaire, notamment la prévention des déchets et l'augmentation de    l'utilisation des matières premières secondaires;

- la prévention et le contrôle de la pollution; et

- la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.

Par ailleurs, on rappellera que le 16 décembre dernier les Etats membres ont arrêtés des critères (taxonomie) suffisamment robustes pour pouvoir établir une liste fiable des investissements verts qui méritent un traitement différencié et favorable par rapport aux autres investissements.

Enfin, on rappellera également que la Commission estime que l'Europe a besoin d'environ 260 milliards d'euros d'investissements annuels supplémentaires pour atteindre les objectifs actuels de 2030 en matière de climat et d'énergie. Avec 20 % par exemple de ces 1300 Mds on pouvait d'un coup doter l'Union d'un outil puissant finançant la moitié ou le tiers de ces besoins au cours des deux ou trois prochaines années!  

Et cela avec un taux négatif de - 1%. On avait là une occasion exceptionnelle de produire une incitation puissante et vertueuse pour que la demande des agents économiques et l'offre bancaire se rencontrent pour booster la reprise et ce de façon vertueuse.

Et bien non, c'est raté.

La décision du parlement n'entrera en vigueur après sa publication au Journal officiel de l’UE.... c'est à dire bien après que la BCE ait à nouveau sorti l'artillerie lourde sans avoir ciblé les finalités de son action; action qui aurait pu à la fois aider puissamment à la relance et aux investissements "verts".


Ce n'est pas la première grande occasion ratée de soutenir les financements "verts"au niveau européen.

Déjà en janvier 2019 la BCE aurait pu profiter de l'amortissement en 2019 de 130 Mds d'obligations achetées dans le cadre du "quantitative easing" (Q.E) pour un remploi en refinancements "verts". Et en octobre 2019 Mario Draghi relançant le Q.E à hauteur de 20 Mds par mois aurait pu cibler de la sorte ces rachats. Or il n'en a rien été. Les semestres passent, les crises se succèdent et toujours rien !

mardi, 12 mai 2020

Pourquoi la Cour de Karlsruhe cherche t-elle à déstabiliser la BCE ?

Publié sur LinkedIn le 12/05/2020

L'Allemagne verrouille toujours le budget européen, retarde le plein fonctionnement du fonds de garantie des dépôts, corsète fortement le Mécanisme européen de stabilité (MES) , bloque les emprunts qui seraient émis solidairement par tous les pays de la zone euro. Mais il y a une institution qu'elle n'arrive pas à verrouiller depuis la crise de la zone euro à cause de la dette publique de plusieurs pays membres en 2011 /2012. Cette institution c'est la BCE.

En effet, le Président de la BCE, Mario Draghi, le 26 juillet 2012 déclara  "la BCE fera tout ce qui est nécessaire pour sauver la zone euro " (c'est le fameux " whatever it takes"). Peu après cette déclaration  des plaignants allemands saisissent la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe mais la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) en 2015 ne suit pas son analyse. Peu après, une nouvelle offensive est lancée par un groupe mené par un influent entrepreneur allemand, Heinrich Weiss. La Cour de Karlsruhe transmet une question préjudicielle à la CJUE et cette dernière répond en décembre 2018 en validant le programme d'achat d'obligations d'Etat mené depuis mars 2015. Enfin, le 5  mai 2020 la Cour refuse de se plier à l'avis de la CJUE. Elle exige que la BCE justifie dans les 3 mois  la conformité des rachats de dette publique aux traités européens. Si elle en est incapable, la Bundesbank devra cesser d’ici trois mois de participer à ce programme de refinancement ; mais cela met en péril les refinancements en cours et potentiellement aussi - quoi qu'elle écrive- celui qui vient d'être arrêté pour faire face à la crise majeure déclenchée par le COVID-19, si un nouveau recours était lancé.

     
Pourquoi cette position aussi abrupte sur tous les fronts? Pour ce qui concerne la BCE- on ne regardera que ce front- c'est parce que  celle-ci pratique une politique monétaire adaptée à la majorité des pays de la zone Euro et pas à celle de l'Allemagne qui, elle, est en très bonne santé économique et financière mais qui doit faire face à un important vieillissement de sa population et donc assurer une forte accumulation d’épargne. Il faut se rappeler les propos de Bild qui a représenté Draghi en vampire suçant le sang des épargnants allemands, et une politique de taux bas qui rend plus délicat encore le financement des retraites par fonds de pension.  


Or il faudrait que les Allemands, intègrent le fait indiscutable, mais difficile à entendre, qu'un fraction croissante de leur épargne repose sur des économies réelles qui ne peuvent pas les rémunérer correctement ou en respecter la valeur en termes de pouvoir d'achat. Même bien protégée par un endettement national étonnamment faible par rapport à tous les autres pays de l'OCDE, et de la Chine, l'épargne allemande l'est beaucoup moins pour l'importante fraction investie dans de la dette étrangère pouvant comporter en plus un de risque de change. Qu'elle le veuille ou non une bonne partie de la valeur de cette épargne repose donc sur un environnement économique et financier international.


Notons qu'il n'y a pas que les épargnants Allemands qui sont dans cette situation. Tous les épargnants des pays développés supportent comme eux les taux très  bas et des risques de défaillances d'emprunteurs publics et privés dans des proportions sans précédents en temps de paix. En effet depuis le début des années 80  il y a une déconnexion considérable et croissante entre les dettes  -et donc les créances monétaires et financières- et les économies réelles. On est passé d'un rapport de 1 pour 1 entre l'endettement de l'ensemble des agents non financiers et le PIB avant cette période à près de 2 pour 1 juste avant la crise de 2008 pour être à environ 2, 5 juste avant le COVID-19. Et combien après ?  

C'est une situation financière mondiale fortement dégradée depuis 2008 à laquelle on s'est habitué et qui donne l'impression de ne pas faire problème parce que depuis cette période les banques centrales maintiennent une sur-liquidité qui permet cette fuite en avant. Mais jusqu'où et pour combien de temps ? Le COVID risque de précipiter les échéances.
il devra y avoir progressivement  une  certaine réconciliation entre le financier et le réel pour que ce dernier puisse en supporter le prix.  
Il n'y a que deux ajustements possibles dans des économies à la croissance durablement limitée, soit l'inflation qui lamine progressivement le pouvoir d'achat de l'épargne soit des taux d'intérêts réels négatifs qui en laminent durablement le rendement. 
 
Dans ce dernier environnement qui est le nôtre, ou l'ajustement  se fait par une violente crise sur les marchés de capitaux qui se traduirait par une dévaluation brutale de la valeur des avoirs financiers ( 20 % à 30 % ne sont pas à exclure) avec des effets immédiats catastrophiques -notamment par les effets de richesse-  ou il se réalise par une lente mais longue "répression financière", comme disent les économistes, sur le rendement de ces capitaux.
Ce dernier cheminement n'est pas plaisant mais il est nettement préférable au précédent car il évite des chocs frontaux massifs et totalement destructeurs.

Certes, le pire n'est jamais sûr mais on flirte d'autant plus dangereusement que l'Europe- malgré des engagements non négligeables ces derniers temps - laisse prévaloir l'idée au mieux qu'elle ne fait rien au pire qu'elle est nuisible car libérale et mondialiste.

L'arrêt de la Cour Constitutionnelle  de Karlsrhue tombe au plus mauvais moment. La solidarité est plus nécessaire que jamais car derrière d'évidentes disparités de situations entre les pays membres de la zone euro il y a des fondamentaux mondiaux autrement plus puissants qui peuvent même bousculer les pays et les économies les plus solides et conduire les autres à l'abîme. Espérons que la présidence tournante qui revient à l'Allemagne à partir de ce 1er juillet saura prendre des décisions qui aideront puissamment à faire face à tous ces enjeux sans être altérées par cette décision de la Cour de Karlsrhue.

nota : Il faudrait un autre développement pour décrire comment ce risque de surendettement croissant devient d'autant grave qu'il est apprécié et négocié mondialement, en temps réel, au comptant, à terme et de façon optionnelle en jouant sur les stocks de dettes (de plus en plus négociables par ailleurs ) et pas seulement sur les flux additionnels de capitaux.  

dimanche, 22 septembre 2019

En finir une fois pour toutes avec la planche à billets

Point de vue dans les Echos du 20/09/2019  et dans le Cercle-Les Echos de Philippe Simonnot  (ancien professeur d'économie du droit à l'Université de Pars X et auteur de " Nouvelles leçons d'économie contemporaine" aux Editions Gallimard)

" La révision à la baisse des objectifs d'inflation des banques centrales, préconisée dans ces colonnes par Jacques de Larosière, est insuffisante. C'est à la disparition même de ces objectifs qu'il faut s'atteler " explique Philippe Simonnot


mon commentaire :

Il ne faut pas oublier que le chiffre de 2 % a été avancé les premières fois à un moment où il s'agissait toujours de combattre une inflation significative et permanente. Un combat qui paraissait loin de pouvoir être gagné. Aussi un 2% paraissait-il être un objectif très ambitieux mais néanmoins raisonnable pour à la fois éviter une déflation toujours très difficile à combattre (et très dangereuse économiquement et socialement) et pour maintenir une certaine fluidité dans les comportements économiques tout en pouvant jouer, au moins un temps, sur l'illusion monétaire donnant un peu de marges de manoeuvre aux politiques de taux. 


On n'est absolument plus dans cet environnement et les 2 % ne doivent pas être le point d'ancrage de la politique monétaire comme il l'est encore trop actuellement à la BCE. Surtout si celle-ci ne s'en sert pas du tout pour impulser un soutien - par le refinancement-  aux investissements verts qui pourraient être certes source d'une petite inflation, mais d'une inflation vertueuse car participant au sauvetage de la planète.

vendredi, 6 septembre 2019

Madame Lagarde dit vouloir mettre la BCE au vert

Publié sur Linkedin le 6 septembre 2019


« Le changement climatique doit être intégré au sein des objectifs de la BCE »  délaré Madame Lagarde devant le Parlement Européen le 4 septembre 2019.


Ce que Mario Draghi, malgré sa politique monétaire disruptive, n'aura pas su - ou voulu - faire, à savoir engager résolument la BCE à aider au développement des financements verts, son successeur, Madame Christine Lagarde, a dit vouloir le faire lors de son audition devant le Parlement Européen ce mercredi 4 septembre.
« Le changement climatique doit être intégré au sein des objectifs de la BCE », a-t-elle déclaré, précisant qu'à ce stade qu'il ne peut s'agir que d'une position personnelle. « La stabilité des prix reste l'ancrage absolu de la BCE, son objectif premier. L'environnement peut faire partie des objectifs secondaires », a-t-elle déclaré, en référence à l'article 127 des traités sur les prérogatives de la BCE (référence toujours écartée jusqu'à présent par les responsables de la BCE, Benoît Coeuré excepté il y a quelques mois).
 Elle précise qu'Il faut déterminer ce qui est green et ce qui ne l'est pas. Si la taxonomie (la définition) des actifs verts est adoptée, elle se superposera au principe de "neutralité de marché" (c'est-à-dire de non orientation, de non intervention dans les choix de financements opérés par les différents acteurs économiques).  
Elle a également évoqué la prise en compte des actifs verts dans la pondération des risques utilisée dans la détermination des ratios de capitaux des banques comme le proposent la Commission sortante et les banques françaises notamment avec le concept de « green supporting factor ».
 Pour revenir, et se limiter à la politique de refinancement, tout est prêt conceptuellement pour que le pourtour de ce qui relève de la notion de financements verts soit arrêté. Il reste la volonté politique et institutionnelle de bien vouloir commencer à lui donner corps, ce que le marché des green bonds a déjà largement fait sur des bases privées, même s'il reste quelques ambiguïtés sur certaines opérations un peu anciennes ou un encore un peu floues.
C'est le moment donc d'enfin réemployer les tombées des obligations acquises avant janvier 2019 dans le cadre des politique de quantitative easing (QE) dans des obligations et autres titres de créances négociables vertes, ce qui n'a pas été fait, la BCE continuant de refinancer Etats, banques et grandes entreprises à l'aveugle, y compris pour des concours carbonés.
Il n'es pas concevable qu'une possible réactivation de cette politique de QE continue cette fausse neutralité régulièrement mise en avant pour ne pas faire ce ciblage. Pas plus que ce n'est concevable de lancer, peut-être très prochainement, de nouveaux prêts bancaires à long terme (TLTRO); annonce de la BCE du 4 avril 2019 qu'elle lancerait ces nouveaux prêts en septembre prochain.
Certes, la montée en puissance de ces refinancements verts ne pourra être que progressive. Mais s'ils pouvaient être ouverts à de portefeuilles de crédits bancaires verts non titrisés, mis en place par exemple depuis janvier de cette année, le champ en serait considérablement élargi à des financements de petits montants du secteur privé tout aussi importants et efficaces que les grosses opérations d'investissement (via la BEI notamment) pour diffuser aussi vite que possible les économies d'énergie, le financement des énergies renouvelables, le traitement de la pollution, des déchets, la conversion des agriculteurs à une agriculture biologique...
Pour booster l'offre de ces crédits, la BCE devrait non seulement ne pas augmenter à due concurrence - à l'euro, l'euro- les réserves à taux négatifs demandés aux banques sur les dépôts ( ce qui est évoqué comme une prochaine mesure possible)- mais, au contraire, les supprimer complètement. Ces crédits verts trouveraient ainsi un attrait pour les banques qui seraient alors bien davantage disposées à en faire offre auprès de leurs clientèles.  


  PS : des éléments beaucoup plus précis sur toute cette problématique peut être retrouvés sur ce site dans mon article " Refinancements BCE: une formidable opportunité pour financer le transition énergétique et climatique " du 17 octobre 2018

https://www.linkedin.com/pulse/les-refinancements-bce-une-formidable-opportunit%C3%A9-pour-michel-castel/

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Article également publié le 24 septembre  sur Le Cercle-Les Echos sous le titre 

" Comment mettre la BCE au vert  "

LE CERCLE - Christine Lagarde veut intégrer le changement climatique au sein des objectifs de la Banque centrale européenne. Dans un texte, Michel Castel imagine comment l'institution monétaire pourrait booster l'offre de crédits verts.


Vous pouvez le consulter sur https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle

 

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