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samedi, 1 juin 2024

Les banques et le financement des énergies fossiles

"Plus les banques financent les énergies fossiles, moins elles aident le système économique à sortir de sa dépendance"
Tribune collective publiée dans " Le Monde" le 22 avril 2024    par Alain Grandjean, Laurence Scialom, Jézabel Couppey-Soubeyran, Michael V., Alexandre Poidatz et bien d'autres spécialistes engagés.

Extrait :
Il est urgent d'arrêter de considérer le système financier et bancaire comme neutre et de réorienter la politique monétaire pour obliger les banques et l'ensemble des acteurs financiers à réellement prendre en compte les enjeux écologiques."

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dimanche, 26 novembre 2023

Les petits-enfants n'auront plus à rembourser l'ASH

Le  20 novembre 2023 les députés ont adopté la suppression de l’obligation alimentaire incombant aux petits-enfants pour leurs grands parents qui avaient été placés en Ehpad et ayant bénéficié de « l’aide sociale à l’hébergement » (ASH) financée par les départements.

En fait, les cas restent assez rares – les enfants étant en première ligne. En outre il a été indiqué que seulement 32 % des départements y avaient recours. Est-ce par bonté d’âme que cette mesure a été présentée ? Non, simplement parce que « la recherche des obligés alimentaires et sa complexité entraîne des coûts et des démarches longues pour les départements ». Quel bel effort !

Ce n’est pas avec cette mesurette que « le bien vieillir » va un peu plus prendre de consistance. On aura toujours autant de personnes modestes qui refuseront d’entrer en Ehpad pour ne pas faire peser le remboursement de l’ASH à leurs enfants; remboursement d’autant plus lourd que le séjour de ces personnes a été long et donc susceptible d’absorber une bonne partie du petit héritage constitué pour eux, souvent au prix de pas mal de privations.

Si on ne peut pas supprimer la totalité des remboursements des avances faites par les départements au titre de l’hébergement – car cela serait insupportable financièrement pour eux – , des allégements du type de ceux que je préconise dans mon article sur LinkedIn du 25/01/ 2022 auraient pu être discutés, voire retenus.

A l’heure où l’ascenseur social est bloqué et que la précarité s’étend, faire peser à plein le remboursement de l’ASH sur les enfants ne peut qu’assombrir un peu plus leurs perspectives financières car possiblement privés de tout ou partie du modeste héritage laissé par leurs parents.

 

mardi, 13 décembre 2022

La Cour constitutionnelle de Karlsruhe ne lâche pas le morceau

Le 21 avril 2021 la Cour de Karlsruhe avait rejeté le recours en référé qui bloquait la signature par l'Allemagne du plan de relance post-covid de 750 milliards d'euros.

La Cour avait ainsi écarté le grief selon lequel ce plan et son mécanisme représentaient des risques financiers inacceptables pour l'Allemagne, violant la Loi fondamentale allemande. Par contre, elle avait estimé que le recours en référé n' était pas manifestement infondé. Il lui restait donc à se prononcer sur le fond qui vise la création de dettes communes européennes.
La Cour n'indiquait pas d'échéance pour son jugement.
Celui-ci vient d'être rendu ce 6 décembre. Elle a jugé que la participation de l'Allemagne à ce fond de relance appelé "Next generation EU" était légal car limité au besoin exceptionnel de faire face aux conséquences de la crise du Covid-19, et donc "assigné à un but spécifique», ce qui est permis par les traités de l'Union Européenne. L'UE en effet autorise des mécanismes de solidarité entre États en cas «de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle». Légalité reconnue donc, tout en critiquant d'une part le fait qu'une partie de ces fonds servent au plan destiné à la lutte contre le changement climatique et à la numérisation et d'autre part qu'il excède le budget de l'UE pour 2021 et 2022.
Traduit en clair, cela veut dire que la Cour n'admettra pas d'autre plans d'envergure non causé par une catastrophe naturelle ou un évènement exceptionnel échappant au contrôle de l'Union qui serait susceptible d'entraîner des risques financiers inacceptables pour l'Allemagne. 
Alors qu'Ursula Van der Leyen demande, comme beaucoup de pays de l'Union, que l'UE réévalue ses besoins de financements pour faire face à la distorsion de concurrence en matière d'énergie de la part des américains et qu'elle souhaite la création d'un fonds souverain européen pour financer la lutte contre le réchauffement climatique, la décision de la Cour de Karlsruhe vient de s'y opposer clairement. 
Ce ne serait pas trop grave si cela ne venait pas conforter les membres du gouvernement d'Olaf Scholz qui ont eux aussi affirmé à plusieurs reprises leur refus de tout nouvel endettement commun pour faire face à la guerre en Ukraine ou la crise énergétique.
A un moment où l'Union Européenne est menacée par la guerre déclenchée par la Russie, qu'elle a des défis colossaux à relever et qu'elle est durablement prise en tenaille entre les USA et la Chine, il faut espérer que les arguments juridiques avancés par la Cour- bien que fondés au vu des textes en vigueur-  n'empêchent pas l'approfondissement de la solidarité économique et financière entre tous les pays membres.



mercredi, 19 octobre 2022

Inflation et partage de la valeur ajoutée entre salaires et rémunération du capital

Avec la très forte baisse des taux au cours de la dernière décennie, les frais financiers ont fortement baissé pour tous les agents économiques. Cela a laissé de la place pour une forte augmentation de la distribution des dividendes sans que pour autant le total de la rémunération du capital investi n'altère la part des salaires (et charges) dans la valeur ajoutée.


La remontée très forte et très rapide des taux d'intérêt va augmenter considérablement les frais financiers. Pour que les salaires dans le partage de la valeur ajoutée n'en soient pas touchés il faudrait une forte baisse des dividendes distribués pour compenser cette forte hausse des frais financiers. Cela ne paraît pas acquis, loin de là. On voit mal les investisseurs institutionnels et autres actionnaires accepter une telle baisse. On a là un potentiel important de conflits sur plusieurs années entre salaires et rémunération du capital investi dans la plupart des pays de l'OCDE.

vendredi, 1 juillet 2022

Dette de l'Etat et obligations indexées: la bombe à retardement explose

Publié le 1er juillet 2022 sur LinkedIn


En octobre 2013 j'écrivais un court article intitulé : "Les obligations indexées sur l’inflation : une bombe cachée ?


Pour gagner quelques points de base alors que les taux étaient voisins de zéro, voire inférieurs à zéro ces dernières années, l'Etat français a continué d'émettre des obligations indexées sur l'inflation européenne pour aboutir à un encours de 252 milliards d'euros à fin avril 2022, soit 11,5 % de la dette négociable de l'Etat.

Il vient d'être calculé par Bercy qu'avec une inflation européenne à 6 % en 2022 les intérêts à payer à ce titre représenteront un surcoût de 15 Mds sur un total de 17 Mds en 2022 pour la dette de l'Etat !!

Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment a-t-on pu mener une telle politique comportant sciemment un risque de coût aussi faramineux? Comment une économie immédiate dérisoire de charge d'intérêt a t'elle pu évacuer toute idée de risque énorme en cas de remontée des taux d'inflation ?

Ce n'est pourtant pas faute de savoir depuis longtemps que l'indexation des obligations est le contraire de ce qu’il faut encourager. C'est ce que je rappelais brièvement en 2013 :

Cet encouragement pour une épargne indexée est d'autant surprenant que depuis le début des années 80 partout en Europe et dans les autres pays de l'OCDE on a tout fait pour désindexer les salaires - et la Belgique qui résiste encore se fait tancer par l’Europe.

Quand on a tout indexé on « est mal ». Qu’on se rappelle le Brésil qui avait tout indexé dans les années 60 - y compris ses obligations à partir de 1964- au moment de l’hyper-inflation au tournant des années 70. Qu'on se rappelle, heureusement dans une situation bien moins dramatique, la France et les mesures prises à partir de 1958 par le Général de Gaulle, sur les conseils de Jacques Rueff, pour supprimer presque toutes les indexations".

Une fois de plus le court-termisme a frappé et cela dans la cécité la plus totale des risques que cela pouvait comporter.  

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